Apaisement politique : Paul Biya décide de l’arrêt des poursuites contre les militants du MRC et ses alliés

0
2293

Les fruits du Grand Dialogue national commencent à tomber. Paul Biya a décidé de l’arrêt des poursuites contre les militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) arrêtés et détenus dans le cadre de la contestation de la crise dite postélectorale.

Dans un communiqué rendu public ce 4 octobre 2019, le ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh informe l’opinion publique nationale et international que le président de la République, Paul Biya a décidé « de l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires, contre certains responsables et militants de partis politiques et notamment du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), arrêtés et détenus pour des faits commis dans le cadre de la contestation des résultats de la récente élection présidentielle.»

D’après ce communiqué, « cette décision qui intervient au moment où s’achèvent les assises du Grand Dialogue national convoqué par le chef de l’État procède de sa volonté constante de promouvoir un climat de paix, de fraternité et de concorde entre les filles et les fils du Cameroun, propice au développement socio-économique de notre pays. »

À travers cette décision, souligne le communiqué susmentionné, « chef de l’État, réaffirme sa détermination à poursuivre sans relâche ses efforts dans la recherche des voies et moyens d’une résolution pacifique des crises et différends auxquels peut être confronté notre pays et à promouvoir, avec l’aide de toutes les camerounaises et tous les camerounais de bonne volonté une vie politique et sociale apaisée.»

Fac-similé

Fruits du Grand Dialogue national

Visiblement, le Grand Dialogue national a eu des effets positifs. Ses fruits commencent déjà à tomber.

Cette décision du chef de l’État a suscité moult réactions de joie et de satisfaction notamment dans les rangs des militants et sympathisants du MRC, ainsi que parmi les leaders des formations politiques.

Jacques Maboula Mboya, maire de la commune de Yabassi qui avait soutenu la candidature de Akere Muna lors de la présidentielle d’octobre 2018 souligne le rôle joué par le Sultan Mbombo Njoya qui dans son discours lors du Grand Dialogue national était persuadé que le président de la République fera un geste d’apaisement allant dans le sens de la libération des personnes arrêtées dans le cadre de la crise dite postélectorale. Le Sultan Mbombo Njoya s’était exprimé en ces termes : « Je suis persuadé que le Chef de l’Etat pour exprimer sa satisfaction après la réussite de ce Grand dialogue national, ce que nous souhaitons et espérons tous, pourrait user de cette grâce pour libérer les personnes condamnées dans le cadre de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et pourquoi pas, celles interpellées lors des manifestations post –électorales. » On comprend pourquoi Jacques Maboula Mboya, écrit : « Le MRC devrait avoir l’humilité de dire merci au sultan Mbombo Njoya qui a fait un plaidoyer pour la libération des leaders du MRC dans son discours édifiant au grand dialogue national »

Seme Ndzana, ex-journaliste et ex-directeur de la publication du journal L’Indépendant, interpelle les militants du MRC en ce sens : « Paul Biya libère Maurice Kamto et les autres du MRC, coupant ainsi court au business des tontines fondées sur la libération de Kamto maintenant, il faut lutter, au Cameroun, pour mettre Kamto à Etoudi, et non pas derrière les mégaphones dans les rues d’Occident et les écrans d’ordinateur. […] Le business florissant des collectes des fonds dites « tontines » sur la détention de Kamto va chuter. Beaucoup vont rentrer dans leur misère d’avant, ou ils ne parvenaient pas à joindre les deux bouts dans leurs familles. »

Cette décision a aussi provoqué des réactions sarcastiques. Paule-Sylvie Yonké écrit sur sa page Facebook : « Paul Biya, tu es sur une très bonne lancée. Ne t’arrête pas en si bon chemin, et annonce aussi promptement ta démission immédiate ! »

Cette libération des militants du MRC et de ses alliés avait été souhaitée par plusieurs personnes et personnalités, par des leaders des organisations de la société civile et par des leaders politiques.
Alice Sadio, présidente de l’Alliance des forces progressistes (AFP) rappelle dans une déclaration que la formation politique qu’elle dirige et ses sympathisants avait toujours souhaité que le chef de l’État fasse un geste de « grace » allant dans le sens de leur libération. Elle se réjouit qu’ils aient été entendus. « Hier, l’Alliance des Forces progressistes (AFP) par ma voix demandait la libération des cadres du MRC et Cie en même temps que ceux détenus dans le cadre de la crise anglophone, afin que la « grâce » présidentielle ne paraisse ni comme partiale ni comme partielle. Nous nous réjouissons qu’un tel appel ait été entendu. Nous accueillons positivement cette annonce et souhaitons qu’elle s’applique à tous les détenus de la crise postélectorale et de la crise anglophone. Ceci participerait d’une démarche résolue vers l’apaisement et la saine praxis du jeu politique. Parce que le Cameroun peut mieux faire. », déclare-t-elle.

Aussi cette décision de libérer les militants du MRC n’a pas surpris certains observateurs avertis de la scène politique camerounaise. Jean-Bosco Talla, journaliste et directeur de la publication du journal Germinal est de ceux-là. Cette décision du chef de l’État lui donne raison. Il avait vu les choses venir quand, dans un post publié sur sa page Facebook le 15 février 2019, il affirmait avec certitude que le chef de l’État décidera de l’arrêt de poursuite contre Maurice Kamto et compagnie. « No worries! Maurice Kamto et ses compagnons d’infortune bénéficieront d’un arrêt de poursuite, magnanimement ordonné par Paul Biya. », avait écrit ce confrère.

Fabien Okonkwo

LAISSER UN COMMENTAIRE

Entrez votre commentaire!
Votre non