Crise anglophone: Paul Biya décide de l’arrêt des poursuites contre 333 personnes arrêtées et détenues

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Dans un communiqué rendu public ce 3 octobre 2019, le ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh informe l’opinion publique nationale et international que le président de la République, Paul Biya a décidé « de l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires contre certaines personnes arrêtées et détenues pour des délits commis dans le cadre de la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest »

D’après ce communiqué, c’est « au total, trois cent trente-trois (333) personnes [qui] sont concernées par cette importante décision qui sera mise en œuvre, sans délai, à la diligence du ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense »

Selon le secrétaire général de la présidence de la République, « cette décision qui intervient après d’autres de même nature est prise alors que se tiennent les assises du Grand Dialogue national convoqué par le chef de l’État. Elle procède de sa volonté constante de permettre à ceux de nos jeunes compatriotes de ces deux régions, désireux de renoncer à la violence et de revenir dans le droit chemin, de pouvoir de nouveau participer â la grande œuvre de construction nationale. »

Fac similé

Comme il le souligne à juste titre dans ce communiqué, ce n’est pas pour la première fois que le chef de l’État décide de l’arrêt des poursuites contre de personnes arrêtées et détenues dans le cadre de la crise qui sévit dans le nord-ouest et le sud-ouest.
Le 13 décembre 2018, Paul Biya, avait décidé de l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires contre 289 personnes arrêtées, pour des délits commis dans le cadre de la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest. Cette autre décision avait été mise en pratique avec diligence.
Cette décision survient au moment où les travaux du Grand Dialogue national commencé le 30 septembre 2019 tirent vers la fin.
À travers cette décision, souligne le communiqué sus-mentionné, « le chef de l’État réaffirme sa détermination à poursuivre sans relâche ses efforts dans la recherche des voies et moyens d’une résolution pacifique de la crise »

Après cette décision du chef de l’Etat, les réactions des acteurs majeurs et personnalités de la scène politique et de la société civile ne sont pas faites attendre. Tous saluent ce geste d’apaisement du président de la République

Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute met en exergue la bonne foi du président de la République. Sur les ondes de Radio France international (Rfi), il déclare: « Le président de la République, constitutionnellement parlant, il a le privilège de pouvoir arrêter des poursuites s’il juge que l’arrêt de ces poursuites va dans l’intérêt de l’État. Et c’est ce qu’il vient de faire. C’est pour démontrer sa bonne foi. C’est pour que nous tournons la page. Je crois que ce message fort qui a été bien ressenti dans les nord-ouest et le sud-ouest »

Dans un tweet Me Akere Muna, promoteur du mouvement Now écrit «je viens d’apprendre que le Président Paul Biya a mis terme aux poursuites engagées conntre 333 personnes arrêtées et accusées de délits commis dans le contexte de la crise du NOSO. Je salue ce geste qui contribuera à la guérison de notre nation. Vivement que ça commence »

Joshua Osih, vice-président du Social Democratic Front (SDF) estime que : « En venant ici au dialogue, on avait dit qu’il fallait libérer tous ces gens. Il y en a encore un millier qui sont en prison. J’ose croire que dans les jours à venir, ils feront partie de nouvelles mesures. Là, il y a des arrêts de poursuites, il y en a qui sont déjà condamnés, donc on attend de voir ce qu’il va se passer. Mais, je pense que c’est un bon geste au dernier jour dialogue qui démontre une certaine volonté politique d’aller vers la résolution du conflit par d’autres voies et moyens. »

Alex Gustav Azebaze, journaliste et défenseur des droits humains quant à lui et toujours sur les ondes de Rfi regrette que la décision du président ne soit pas élargie à tout le monde. « Les principaux leaders du mouvement séparatiste qui ont été arrêtés au Nigeria et condamnés il y a un mois et demi à la perpétuité […], si on analyse rigoureusement les termes du communiqué du secrétariat général de la présidence, ne seraient pas concernés. Or, ce sont elles, du point de vue de l’opinion et des activistes anglophones, qui sont représentatives du leadership de la cause anglophone ou séparatiste. », affirme-t-il.

Fabien Okonkwo

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