L’art de commuer une défaite en victoire

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Vincent Aboubakar, buteur camerounais, sociétaire du club saoudien Al-Nassr Riyad, celui qui a permis à des Camerounais(es) de commuer une défaite en victoire, DR

Donner un autre sens et une autre fin à la coupe du monde organisée au Qatar en 2022 est le produit du génie artistique dont l’équipe nationale du Cameroun a particulièrement fait preuve après sa victoire sur l’équipe nationale du Brésil. Le génie artistique caractéristique de notre chère équipe nationale, qu’elle partage avec tout le peuple camerounais pour lequel la catégorie du possible ne peut jamais être obturée, a consisté non seulement à redimensionner l’espace ludique du Mondial du Qatar, mais aussi à en redéfinir le sens et la finalité.

Définir l’espace ludique du Mondial du Qatar conformément au cadre dédié aux prestations des équipes en lice revient à l’appauvrir. Cela revient, par conséquent, à faire l’impasse sur la richesse esthétique de ces autres spectacles qui, tout en se produisant en marge des compétitions officielles, n’ont pas manqué d’être attractifs. Il y a, par exemple, la réaction du président de la Fécafoot au harcèlement d’un Youtubeur algérien. Tout en bénéficiant de l’excuse de la provocation, le président de la Fécafoot n’a pas manqué d’être excessif et a, en plus, oublié que la dignité aggrave le délit. Le spectacle que président de la Fécafoot a donné au Qatar était celui dont le Mondial de 2022 n’avait vraiment pas besoin. Cet incident au terme duquel il a regretté d’avoir suivi le Youtubeur algérien dans son caniveau, n’a pas beaucoup entamé sa grandeur, puisqu’il a effectué un geste fort appréciable en s’excusant solennellement d’avoir, sans droit ni qualité, eu la mauvaise idée d’organiser, au Qatar, un petit Mondial parallèle.

Triompher de l’équipe nationale du Brésil, s’est finalement révélé être l’objectif exclusif de la participation des Lions indomptables du Cameroun au Mondial du Qatar. Compte tenu des difficultés effectivement éprouvées par nos Lions indomptables à l’entame du Mondial du Qatar à faire valoir leurs talents, les responsables en charge de l’équipe nationale du Cameroun ont dû revoir leurs ambitions à la baisse, de manière à réduire la coupe du monde du Qatar au duel Cameroun-Brésil, comme s’il s’agissait de réactualiser celui ayant historiquement opposé David, le Juif, à Goliath, le Philistin, dans un combat où le rapport des forces n’était pas d’emblée favorable à un David naturellement très mal loti face à la force légendaire du grand Philistin.

« Triompher de l’équipe nationale du Brésil, s’est finalement révélé être l’objectif exclusif de la participation des Lions indomptables du Cameroun au Mondial du Qatar. »

Parmi ceux qui ont vendu a priori la peau du David camerounais avant de l’avoir tué, se recrutaient, entre autres, beaucoup de citoyens camerounais qui étaient persuadés qu’au cours de cette rencontre, le devoir de notre équipe nationale était de limiter les dégâts face à la mythique équipe brésilienne, dans l’oubli du fait que le football est une véritable boîte à surprises.

Pourquoi vouloir, dans ce cas, que le Cameroun ait le triomphe modeste après l’avoir emporté sur un adversaire dont le nom est, dans le football mondial, une source de terreur, une prestigieuse référence et toute une légende ?

En effet, l’équipe nationale du Brésil n’est pas n’importe quoi. Celle du Cameroun n’ont plus, puisqu’elle qui a humilié, en 1990, celle du génial Armando Maradona au cours du Mondiale d’Italie.

Mais pourquoi les Lions indomptables du Cameroun se sont-ils bercés de l’illusion d’avoir gagné la coupe du monde du Qatar après avoir battu l’équipe nationale du Brésil ?

On peut tenter de l’expliquer de la manière suivante :

– soit, l’équipe du Cameroun n’y croyait pas, jusqu’à ce qu’elle soit agréablement surprise par ses propres performances,

– soit parce que désespérée de pouvoir gagner au moins un match, elle a pu, contre ses propres attentes, renouer avec l’espoir qu’elle avait perdu après ses deux premiers matches.

Tout compte fait, l’essentiel n’est pas de gagner, mais de participer, a-t-on coutume de dire. Autrement dit, l’essentiel est plutôt de participer que de gagner. C’est cette autre formulation du même dicton qui permet de comprendre pourquoi les Lions indomptables ont eu l’impression d’avoir gagné la coupe du monde du Qatar, en dépit de leur élimination prématurée.

Lucien Ayissi

Philosophe

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