L’assommoir : L’impropre Nalova Lyonga au Minesec

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Le Professeur Pauline Egbe Nalova Lyonga gaffe partout où elle passe. Mais, elle est toujours récompensée par une promotion pour les sévices rendus.

Quelle guêpe a piqué Pierre Bernard Nkoa, directeur des ressources financières et matérielles (DRFM) au ministère des Enseignements secondaires (Minesec), pour qu’il vienne maladroitement s’offrir en spectacle dans les colonnes de notre confrère Mutations du 5 février 2020, soi-disant pour « polir » l’image de son patron qui a été suffisamment écornée après les événements et incidents survenus autour la mort de Njomi Tchakounte Boris Kevin, ce « jeune enseignant consciencieux et plein d’enthousiasme » (dixit Paul Biya), lâchement assassiné par son élève? Dans cette interview visiblement orientée, le DRFM soutient que ce sont des enseignants manipulés « qui voulaient utiliser ces obsèques à d’autres fins » et qui voulaient rendre un « hommage syndical ou politique » qui assument la responsabilité des brutalités policières dont ils ont été l’objet le 30 janvier 2020 dans les rues de Yaoundé. En parcourant cette interview-communication, il est clair que selon Pierre Bernard Nkoa, les enseignants qui ont choisi une procession funèbre et l’hommage académique pour honorer la mémoire de leur collègue disparu avaient un agenda caché. C’est pourquoi, selon lui, les « hommages académiques ont été annulés de commun accord pour préserver la paix ». À ses yeux, l’hypothèse d’un agenda caché est d’autant plus plausible que « les hommages peuvent prendre également d’autres formes que celles que voulaient imposer certains enseignants », lesquels ont étalé leur méconnaissance des différentes formes d’hommage que l’on peut rendre à un collègue disparu et même des procédures à suivre pour rendre un tel hommage. Ce qui justifie l’intervention musclée des forces de l’ordre qui « après sommation » ont été « obligées de libérer le corbillard, remettre le corps à la famille et disperser ceux qui se sont transformés en manifestants ».

En essayant malhabilement à mots à peine voilés de verser dans un juridisme de mauvais aloi, Pierre Bernard Nkoa, oublie que l’article 6 (2) de la loi n°90/055 du 19 décembre 1990 portant sur les réunions et manifestations publiques dispose que : « Dérogent à l’obligation visée à l’alinéa 1 [c’est-à-dire à l’obligation de déclaration préalable, Ndlr] les sorties sur la voie publique conformes aux traditions et usages locaux ou religieux ». Et les processions funèbres sont conformes à nos traditions et à nos usages locaux.

Si la sortie du DRFM avait pour objectif d’absoudre Pauline Egbe Nalova Lyonga de certains de ses pêchés, admettons qu’en adoptant la posture de donneur de leçon et en situant ses propos dans le registre d’une communication polémique, il apporte de l’eau au moulin de ceux qui pensent que quelque chose n’a pas tourné ou ne tourne pas rond au ministère des Enseignements secondaires. Cette sortie médiatique et la réunion tenue au Minesec avec les syndicats des enseignants dont le communiqué circule sur les réseaux sociaux sont une tentative de rattraper une situation qui leur avait échappé. Et on est droit de se poser la question de savoir de quoi le DRFM se mêle. Quel diable venait faire, Pierre Bernard Nkoa, dans cette galère !

D’ailleurs, des observateurs avertis n’avaient pas hésité de parler de malchance quand, le 2 mars 2018, ils avaient appris que le Professeur Pauline Egbe Nalova Lyonga, ex vice Chancelor de l’université de Buéa avait été parachutée à la tête du ministère des Enseignements secondaires (Minesec). Beaucoup parmi eux n’avaient pas usé de circonlocution pour exprimer leur inquiétude et affirmaient qu’elle y arrive comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

À peine deux années passées à la tête du Minesec, son bilan n’est visiblement pas élogieux. Il ne serait même pas exagéré, aux dires de nombreux enseignants, de parler d’un bilan désastreux sur les plans du management des ressources humaines et de la mise en œuvre de la politique éducative définie par le président de la République, Paul Biya. Son inhumanité légendaire doublée du mépris de ses collaborateurs s’est, une fois de plus, manifestée après l’assassinat par son élève Bisse Ngosso, le 14 janvier 2020, au lycée de Nkolbisson, de Njomi Tchakounte Boris Kevin, enseignant des mathématiques en cours d’intégration (ECI). Même comme Pierre Bernard Nkoa, tente, sans convaincre, de faire croire le contraire. Collègue et ministre de tutelle de la victime, elle n’avait éprouvé aucune compassion pour l’illustre enseignant précocement arraché à la vie lorsque après la survenue de la tragédie, elle avait publié un communiqué indécent, froid, culpabilisant la victime.

Par la suite, son absence à la morgue au moment de la mise en bière de son collaborateur au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Yaoundé où, de l’avis de nombreux enseignants, elle ne s’est même pas faite représentée, son refus d’accepter qu’un hommage académique soit rendu à cet enseignant disparu dans l’exercice de ses fonctions au Lycée de Nkolbisson, son mutisme après que  la police a tiré des grenades lacrymogènes sur la procession funèbre et après le traitement inqualifiable infligé aux enseignants en toge dans les rues, ont choqué les enseignants et toute la communauté éducative nationale. On comprend pourquoi, dans un communiqué de presse, tous les syndicats d’enseignants « dénoncent sans réserve l’absence du ministère des Enseignements secondaires à la levée de corps et le refus de rendre un hommage académique mérité à son employé assassiné dans l’exercice de ses fonctions. »

Même si dans l’interview sus-citée le DRFM, Pierre Bernard Nkoa, affirme que le ministre était représenté par lui-même, le délégué régional et le délégué départemental des Enseignements secondaires, rien n’indique qu’ils étaient à la mise en bière à titre officiel, aucun communiqué, aucune information officielle n’ayant été porté à la connaissance de la communauté éducative nationale indiquant que le ministre serait représenté par Untel. Aux dires de certains syndicalistes qui ont vu Pierre Bernard Nkoa, à l’entrée barricadée de la morgue, il était venu pour empêcher la procession funèbre de s’ébranler. Il a même eu maille à partir avec des syndicalistes très remontés contre ses agissements.

Bien plus, les enseignants savent que Pauline Egbe Nalova Lyonga n’était pas à la levée du corps de son collaborateur et collègue, parce qu’elle avait choisi d’aller battre campagne pour les candidats de son parti politique, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), aux élections municipales et législatives du 9 février 2020. Cette attitude indécente du ministre des Enseignements secondaires est révélatrice de sa très haute idée de la dignité humaine. Le pouvoir déshumanise certains avant de les rendre fous, lance un internaute.

Ne lui demandez surtout pas de rendre son tablier après le désaveu cinglant à lui infligé par son Patron, le président de la République dans une lettre de condoléances adressée aux parents de Njomi Tchakounte Boris Kevin et dans un tweet ravageur : « Mon Épouse et Moi-même avons appris avec une vive émotion, le décès brutal dans l’exercice de sa profession, de M. Boris Kévin #Njomi Tchakounte, un jeune enseignant consciencieux et plein d’enthousiasme. Nous tenons à adresser à ses proches, Nos sincères condoléances. ». Selon Paul Biya, Njomi Tchakounte Boris Kevin, n’est pas celui qui a déserté son poste d’affectation dans la Noum pour venir chercher la mort à Yaoundé, mais c’est cet enseignant qui « aimait son métier et était proche de ses élèves ».

Au Cameroun, on ne démissionne pas de la mangeoire. D’ailleurs Pauline Egbe Nalova Lyonga sait sur quoi et sur qui elle compte. Elle a le parapluie et la godasse. Limogée en 2017 de son poste de vice-chancelor de l’Université de Buéa et appelée à faire valoir ses droits à la retraite, Nalova Lyonga n’a-t-elle pas rapidement rebondi en devenant présidente du conseil d’administration de l’hôpital général de Douala et par la suite ministre des Enseignements secondaires, malgré la gestion calamiteuse de l’Université de Buéa, malgré les humiliations infligées aux étudiantes et étudiants et la répression policière sauvage de la manifestation estudiantine du 28 novembre 2016 ? Nalova Lyonga a toujours été récompensée pour les sévices rendus.

Lettre de condoléances que Paul et Chantal Biya ont adressé aux parents Njomi Tchakounte Boris Kevin

Chassez-le naturel, il revient au galop. L’indécence, l’indifférence, l’inhumanité, une conception moyenâgeuse et autoritaire du management de ressources humaines semblent inscrites dans son patrimoine génétique, lance, dépité, un rescapé de la barbarie de Buéa

Quand elle arrive à la tête du Minesec, Pauline Egbe Nalova Lyonga lance un slogan révélateur de ses ambitions : « L’École propre ». Ce slogan a laissé interrogateurs des enseignants qui estiment que c’était sa manière de critiquer l’action de ses prédécesseurs qui à ses yeux avaient sali ou avaient laissé salir l’École camerounaise. Mais au fil du temps, les enseignants se sont rendu compte que ce slogan n’était qu’un miroir aux alouettes et que la nouvelle ministre voulait leur faire prendre des vessies crevées pour des lanternes. Au fil du temps, ses actes et actions ont montré qu’elle est impropre au Minesec.

Sa première action d’envergure, en violation des dispositions réglementaires, est la spoliation des parents, auxquels elle a fait payer les frais supplémentaires, à travers une centralisation de l’argent collecté par la digitalisation des contributions exigibles dans les établissements scolaires et le payement des frais d’examen, enrichissant du même coup les opérateurs téléphoniques qui récoltent sur le dos des parents d’élèves des dizaines et des centaines de millions de francs CFA au titre de frais de commission. Certains enseignants l’ont soupçonnée, à tort ou à raison, de percevoir des rétrocommissions. Conséquence logique : tous les lycées et collèges de la République étaient paralysés et les Associations des parents d’élèves et d’enseignants (APEE) étaient appelées à la rescousse pour sauver les meubles. Malgré les critiques, Pauline Egbe Nalova Lyonga, est restée droite dans ses bottes, sourde comme un pot.

Par la suite, elle poursuit la politique de frustration, de déconsidération et de démoralisation des milliers enseignants en exerçant sur eux une sorte de violence symbolique à travers des mutations masquées sous le vocable de redéploiement, par note de service, d’un département à un autre, d’une région à l’autre, en omettant volontairement d’indiquer que les frais de déplacement des intéressés et leurs familles (1ère épouse et en enfants légitimes mineurs) seront pris en charge par le budget du ministère des Enseignements secondaires. Ce qui constitue une violation flagrante du statut général de la Fonction publique et du décret n°2000/693/PM du 13 septembre 2000 fixant le régime des déplacements des agents publics civils et les modalités de prise en charge des frais y afférents.

Comme si la coupe de la gaffe n’était pas suffisamment pleine, le 21 janvier 2020, elle signe une décision nommant un secrétaire général et un inspecteur général des services par intérim en remplacement de certains de ses collaborateurs appelés à faire valoir leurs droits à la retraite, en violation flagrante des termes de la circulaire du Premier ministre du 12 novembre 2015 « relative à la cessation de service des agents publics admis à faire valoir leurs droits à la retraite ». Dans cette circulaire, il est écrit noir sur blanc que : « Il appartient au Chef de département ministériel, dans ce cas de figure, de soumettre des propositions pour la désignation dun nouveau responsable et, en attendant laboutissement desdites : propositions, de procéder à la désignation, par note de service, d’un responsable chargé dassurer lintérim du poste devenu vacant. ». Fort heureusement, selon certaines indiscrétions, elle a pu rattraper à temps cette autre gaffe en annulant sa circulaire et en procédant à la nomination des intérimaires par note de service.

L’enseignant Njomi Tchakounte Boris Kevin, même mort et à travers les événements qui se sont déroulés autour de ses obsèques, aurait permis au ministre des Enseignements secondaires de comprendre qu’elle ne peut bien accomplir la mission que le président Paul Biya lui a confiée, sans l’appui de ses partenaires incontournables que sont les syndicats des enseignants. Elle qui, depuis son arrivée à la tête ce département ministériel, avait choisi de les marginaliser en les considérant comme des quantités négligeables.

Le communiqué conjoint Minesec/syndicats signé à l’issue d’une réunion tenue au Minesec le 4 février 2020 et dans lequel on peut lire qu’« il a été convenu de la tenue périodique des concertations entre  le Minesec et les Syndicats d’enseignants », peut être considéré comme un pas positif, mais non encore décisif, vers la recherche concertée des solutions aux problèmes et maux qui minent l’École camerounaise.

Mais n’allons pas vite en besogne, car, comme le dit un aphorisme, une hirondelle ne fait pas le printemps.

Nalova Lyonga a-t-elle compris le message des enseignants ? Qu’elle le prouve.

Fabien Okonkwo

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