Recrutement des docteurs Ph/D : Jacques Fame Ndongo tente d’apaiser les esprits

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Le ministre d’État, ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo a donné un point de presse ce mardi 17 décembre 2019, à la salle 1036 de son département ministériel, pour dissiper les malentendus liés aux irrégularités relayées sur les réseaux sociaux et par certaines presses. Cette tentative d’apaisement n’a pas convaincu les plus sceptiques. Elle a donné des idées au collectif des doctorants/PhD en attente de soutenance à l’université de Yaoundé II, à Soa.

Le ministre d’État, ministre de l’Enseignement supérieur, chancelier des ordres académiques, Jacques Fame Ndongo croyait apaiser les esprits en organisant le 17 décembre 2019, un point de presse, dans la salle de conférence de son département ministériel. Au-delà des assurances données aux grévistes, sa sortie semble avoir plutôt suscité la réaction du collectif des doctorants/PhD en attente de soutenance à l’université de Yaoundé II, à Soa. Ceux-ci lui ont adressé le 20 décembre 2019, une correspondance dans laquelle ils exigent leur « recrutement en qualité d’enseignants assistants dans des universités d’État ». Certains parmi eux ont individuellement décidé de rejoindre le mouvement de grève organisé par les recalés du recrutement spécial des doctorats Ph/D dans les universités d’État ordonné par le chef de l’État Paul Biya, et qui dure depuis le samedi 14 décembre 2019.

Sit-in des doctorants/PhD en attente de soutenance

Pourtant, lors du point de presse donnée dans la salle 1036 de son département ministériel, le Minesup avait tenté de dissiper devant les hommes de médias et certains candidats recalés, les malentendus liés aux irrégularités relayées sur les réseaux sociaux et par la presse. Lesquelles sont ainsi dénoncées par les grévistes ; « Nous dénonçons des irrégularités sur les listes de recrutement des 1237 enseignants dans les huit universités d’État. Certains candidats retenus ne sont pas titulaires de doctorat ph/d. Il y a des doublons. Certains candidats retenus sont des fonctionnaires en service dans les départements ministériels à Yaoundé »

Faut-il le préciser, dans son propos, le ministre avait reconnu qu’on lui avait signalé dans la liste des candidats retenus, la présence de quatre candidats titulaires d’un master 2. « Ceux-là, leurs cas sont presque réglés. Ils seront exclus définitivement de cette opération », avait-il laissé entendre. En ce qui concerne le critère d’âge, qui avait cloué plusieurs candidats, Jacques Fame Ndongo, avait longtemps répété que la loi est dure, mais que c’était la loi. « Si vous avez 45 ans et un jour à la date butoir, vous êtes éliminé. C’est douloureux, mais c’est la loi. C’est un critère d’éligibilité et si vous ne le remplissez pas, vous êtes hors course », avait martelé le chancelier des ordres académiques.

Une dizaine de candidats recalés étaient présents dans la salle. Parmi eux, on pouvait noter la présence du représentant des candidats de la diaspora et les représentants des huit universités d’État. Répondant aux questions de certains candidats en pleurs qui avaient cherché à savoir ce qu’ils allaient faire désormais, l’ancien recteur de l’université de Yaoundé 1 avait indiqué que : « c’est une opération spéciale qui n’exclut pas le recrutement numérique dans les universités qu’on appelle recrutement classique ». Une réponse qui avait re-suscité l’espoir chez plusieurs jeunes postulants et entretenu le désarroi chez les plus âgés. « Il n’y a pas eu des arbitrages à tête chercheuse. Tout le monde peut vérifier parce que les critères ont été préalablement définis. Vous devez apprendre qu’à un moment dans ce pays, les choses se font dans la norme et dans la rigueur scientifique. Je comprends que beaucoup ont du mal à accepter, mais le paradis, hélas!, ne saurait être à la portée de tous. Ça me fait mal de vous le dire, mais il faut seulement attendre la deuxième phase », avait précisé le ministre de l’Enseignement supérieur. Avant de promettre aux recalés qu’il transmettra leurs doléances à qui de droit : « La seule chose que je peux vous promettre, c’est de transmettre vos doléances au Premier ministre qui lui va à son tour, en parler au chef de l’État. Dormir au hall du Minesup ne va pas résoudre le problème. Vous êtes des hommes avertis. Vos cris ont été entendus ».

Les docteurs PhD en grève au Minesup

Pour étayer son propos et montrer que les choses se sont déroulées normalement, le Minesup a fourni des données statistiques. Ainsi statistiquement, il a été recruté : 909 candidats sans emploi, 287 candidats déjà titulaires d’un emploi et provenant d’autres corps de métiers, 46 candidats provenant de la diaspora.

Commentant les résultats de cette première phase de recrutement, Jacques Famé Ndongmo a indiqué qu’il a été pris en compte l’origine régionale des candidats, autrement dit le fameux équilibre régional. « Comme vous pouvez le constater, les différentes commissions ont veillé à ce que toutes les régions soient représentées. Néanmoins, il subsiste de grands écarts entre certaines régions et d’autres. Vous verrez par exemple que le Nord est à 1,6% que l’Ouest est à 35,2%. Cela est dû simplement au fait que le Nord avait très peu de candidats alors que l’Ouest en comptait beaucoup. », avait-il indiqué.

Avant de conclure : « Il n’y a pas de raison de s’alarmer. Il y aura encore une épuration des listes lors de la prise de service de chacun, car certains recrus ont candidaté sous réserve. Et il y aura une liste additive qui sera publiée ».

Faut-il le rappeler, les docteurs Ph/D ont entamé une grève de la faim, le samedi 14 décembre 2019 après la publication de la liste des 1237 candidats recrutés dans le cadre de ce recrutement spécial ordonné par le chef de l’État.

Visiblement, cette conférence de presse n’a pas convaincu tout le monde. Et des candidats recalés qui poursuivent la grève exigent « une solution globalement apaisante » qui consisterait à « aplanir les revendications [en recrutant] tous les candidats qui ont postulé. Surtout que juridiquement, au regard de l’arrêté ouvrant les recrutements, les multiples irrégularités permettent d’attaquer et faire annuler tout le processus en justice », avait soutenu un des grévistes.

Elvis Serge Nsaa

Répartition régionale de la première phase des résultats du recrutement spécial

Régions Recrutés Pourcentages
Adamaoua 30 2,4%
Centre 272 21,9%
Extrême Nord 91 7,3%
Est 21 1,7%
Littoral 86 6,9%
Nord 20 1,6%
Nord-Ouest 152 12,2%
Ouest 437 35,2%
Sud 67 5,4%
Sud-Ouest 66 5,3%

Source : Minesup

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