Quelques militants et sympathisants du MRC descendent dans la rue

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Des militants et sympathisants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) n’ont pas été assez nombreux dans la rue pour réclamer la libération de leur leader, Maurice Kamto,  incarcéré depuis bientôt 6 mois à la prison principale de Kondengui.

Décidément, les militants et sympathisants du MRC n’en démordent pas. Les plus téméraires sont déterminés à braver les interdictions des manifestions publiques décidées par certaines autorités administratives et à poursuivre leur « plan national de résistance pacifique », malgré l’arrestation et l’incarcération de leur leader Maurice Kamto et plusieurs dizaines de leurs membres et sympathisants à la prison principale ou centrale de Kondengui à Yaoundé.

Ce 1er juin 2019, le mot d’ordre de « marche blanche pacifique » a été diversement suivi sur l’ensemble du territoire national, notamment à Yaoundé, Douala, Bafoussam, Bangangté et Nkongsamba.

Très tôt le matin à Yaoundé, les forces de l’ordre avaient déployé un dispositif suffisamment impressionnant pour dissuader toute personne qui serait tentée de prendre part à cette manifestation. Ce déploiement n’a pas empêché une cinquantaine de militants et sympathisants de ce parti politique de prendre d’assaut certaines rues du centre-ville, notamment l’Avenue Ahidjo et l’Avenue Kennedy, aux cris de « Libérez, Kamto » ou « Trop de morts au NOSO ».

Ceux-ci ont trouvé sur leurs chemins des forces de l’ordre qui immédiatement ont mis en mouvement les véhicules anti-émeutes pour stopper tous mouvements de foule, les redoutables « Mamiwater » positionnés au niveau de la poste centrale depuis les premières heures de la matinée. Celles-ci ont aussi usé du gaz lacrymogène pour disperser la poignée de manifestants qui tentaient de rejoindre le rond-point de la poste centrale.

Un communiqué du porte-parole de Maurice Kamto parvenu à notre rédaction indique que plusieurs personnes ont été interpellées à Yaoundé, dont le 1er vice-président du MRC, Mamadou ‘’Mota’’ Yacouba, Sa Majesté Biloa Effa, chef supérieur Mvog Betsi et conseiller spécial du président du Mrc et Apollinaire Eko, responsable de la région du sud. Ce communiqué indique également que plusieurs dizaines de militants et sympathisants ont été interpellés sur l’ensemble du territoire national.

Maurice Kamto, président du MRC

À l’observation, ces marches dites blanches n’emballent pas les Camerounais, si on tient compte de l’indifférence manifeste de la majorité des citoyens camerounais qui préfèrent soit vaquer à leurs occupations, soit être de simples spectateurs. À la question de savoir, ‘’pourquoi ne prend-il pas part aux manifestations ?’’, un spectateur déclare : « je ne manifeste pas parce que je ne suis pas convaincu du bien-fondé de ces marches. Ensuite, le MRC n’a pas apporté la preuve irréfutable que son candidat a gagné la dernière élection présidentielle. N’ayant pas voté pour Kamto, même s’il fallait que je manifeste par solidarité, je ne peux pas manifester alors que la manifestation a été interdite ». Un commerçant rencontré au marché central s’interroge : « Si je vais manifester, viendront-ils nourrir ma famille si je suis arrêté et incarcéré ? » Avant de conclure lapidaire : « les politiciens sont tous des menteurs. Je ne peux pas mourir ou laisser ma famille mourir pour eux. »

Un autre spectateur rencontré en face de la Cathédrale Notre-Dame des Victoires de Yaoundé va plus loin. « Le MRC doit tirer les leçons des échecs des différentes manifestations qu’il a déjà organisées pour comprendre que des Camerounais ne sont pas prêts pour se laisser embarquer comme des moutons », déclare-t-il. Avant de poursuivre : « Ce n’est pas en mobilisant une poignée de militants dans les rues que ce parti inversera le rapport de force qui actuellement lui est défavorable. Regardez ce qui se passe au Vénézuéla, regardez ce qui se passe en Algérie et au Soudan et comparez à ce que vous observez aujourd’hui. On dirait qu’ici chez nous nos partis d’opposition gesticulent. Et à force de multiplier des mots d’ordre improductifs, ils renforcent la capacité de résistance du pouvoir. L’inefficacité de leurs actions finiront par décourager les Camerounais qui ne sont déjà pas assez nombreux dans la rue pour le soutenir », conclut-il visiblement agacé.

Tout en reconnaissant les limites de leurs choix stratégiques, un militant du MRC affirme qu’ils sont conscients du fait que leur démarche ne pourra jamais faire l’unanimité dans l’opinion. Cependant, enchaine-t-il, « nous ne pouvons pas abandonner les nôtres en prison pour attendre le jour où nous réussirons à mobiliser 10 000 personnes dans la rue. Mais les bruits et tapages que nous faisons leur remontent le moral en prison où ils ne se sentiront pas abandonnés ».

Pourvu que les objectifs du MRC ne se limitent pas aux simples bruits et tapages, ironise un voisin qui suivait la conversation. Militant d’un autre parti politique dit de l’opposition qui a pris part à la présidentielle du 7 octobre 2018, celui-ci n’hésite pas à déclarer : « La présidentielle est derrière nous. Il nous faut aller de l’avant ». Comme pour laisser sous-entendre qu’il ne rejoindra pas le MRC dans la rue et que leurs regards sont désormais rivés vers les prochaines élections régionales, municipales et législatives.

Fabien Okonkwo

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