Hydrocarbure : Yaoundé a mal à sa pompe

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La distribution du carburant est perturbée dans la métropole politique du Cameroun, en ce début du mois de décembre. Les automobilistes crient à la pénurie.

« La plus grande partie de la capitale politique du Cameroun, Yaoundé, est paralysée par une pénurie d’essence qui dure depuis plusieurs mois maintenant. En effet, les automobilistes de la capitale ont remué ciel et terre pour s’approvisionner en carburant. Une situation que déplorent les « taximen » et les « moto-taxis » ainsi que les conducteurs particuliers qui dépendent des taxis ou de leurs véhicules personnels pour se déplacer », peut-on entendre sur les lèvres des taximen, dans les stations-services de la ville de Yaoundé. Du coup, le coût de transport par moto-taxis connait une augmentation. « Le trajet en moto qui coûte généralement 100 F est passé à 150 F parce que les transporteurs sont obligés d’aller se ravitailler à la station Total de Messassi », affirme Jean-Jacques, conducteur de moto à Emana à Yaoundé.

Tôt le matin, au lieu-dit Mobil Omnisport à Yaoundé, le 02 décembre 2019, de longues files indiennes sont visibles devant les pompes de la station-service Oilibya. C’est l’une des rares de la capitale à approvisionner encore en super, qui coûte 630 Fcfa le litre. Les clients sont servis au compte-goutte. Pas plus de 10 litres de carburant par personne.
Que se passe-t-il ? Un pompiste relève sous anonymat : « depuis environ un mois, nous ne vendons pas de carburant, mais nous avons un petit réapprovisionnement. C’est pourquoi nous sommes en mesure de servir quelques personnes », affirme-t-il.

Bien plus, l’un des responsables de la Tradex du carrefour Vogt à Yaoundé, affirme que, si le carburant manque dans les stations-services, c’est surtout la faute aux marketeurs : Total, Oilibya, Mrs, Tradex… Certains ne sont pas en règle pour pouvoir renouveler leurs stocks. De source fiable, plusieurs d’entre eux sont insolvables auprès de la Société camerounaise de dépôt pétrolier (Scdp). Certains pompistes affirment que : « Certains marketeurs n’ont pas bien géré leurs stocks ces derniers mois et dimanche [1er décembre 2019] lorsqu’ils se sont rendus compte qu’ils allaient être en rupture, il leur était impossible de saisir la Scdp, les dépôts étant fermés ce jour. C’est donc lundi que les bons de commande ont été déposés », a révélé une source bien introduite. Information confirmée par une autre source qui a indiqué hier en mi-journée que les camions citernes avaient quitté la Scdp en direction des stations concernées. Sauf que, ces camions citernes ne livrent le carburant que dans les stations qui sont situées à l’entrée et à la sortie de la ville de Yaoundé. Les stations, les plus sinistrées sont celles situées à l’intérieur de la ville de Yaoundé. « C’est une stratégie du gouvernement pour masquer la pénurie. Le gouvernement sait que les plus grands consommateurs de carburants sont les agences de voyages et les camions qui font la ligne Douala-Ndjamena, Douala-Mbangui. Si ces personnes sont victimes de pénurie, c’est toute l’économie camerounaise, et même celle de la sous-région qui sera paralysée. C’est pourquoi le gouvernement sacrifie les stations-services de la ville pour satisfaire les stations qui sont situées sur les grandes routes », murmure un pompiste sous anonymat.

Au ministère de l’Eau et de l’Energie on est formel : il n’y a pas de pénurie à Yaoundé. Là-bas on explique que le dépôt en charge de la distribution a effectué le chargement de tous les marketeurs samedi. L’activité s’est achevée à 15h au lieu de 12h comme prévu. A ce jour, si une station est en rupture de produit, c’est certainement dû à un problème de logistique interne à la station. On fait remarquer là-bas que certains camions ne roulent pas la nuit. A la Scdp, les explications sont les mêmes. Le Cameroun comptait 742 stations opérationnelles sur l’ensemble du territoire national à la date de janvier 2017, selon des données officielles.

Elvis Serge Nsaa

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