Obsèques de Njomi Tchakounte Boris Kevin : deux jours d’arrêt de cours décrétés par tous les syndicats des enseignants

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L’assassinat de leur collègue, Njomi Tchakounte Boris Kevin, est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les enseignants, à travers leurs organisations, n’entendent plus se laisser marcher sur les pieds. Ils appellent à la mobilisation générale et à un arrêt de travail de deux (2) jours sur l’ensemble du territoire national, les 30 et 31 janvier 2020, pour rendre un dernier hommage mérité à ce valeureux soldat tombé, la craie à la main, sur le champ de la construction nationale et afin de conjurer les périls qui pèsent sur leur profession et l’école camerounaise. L’opinion publique attend de voir cette solidarité agissante.

Comme il fallait s’y attendre, après l’assassinat de Njomi Tchakounte Boris Kevin, le 14 janvier 2020, la colère des enseignants est toujours à son comble. Dans un élan de solidarité agissante, tous les syndicats de l’éducation, 18 au total, ont lancé un appel à la mobilisation générale de tous les enseignants du Cameroun pour, d’une part, offrir à leur collègue précocement arraché à la vie les obsèques dignes et mémorables, et, d’autre part, afin qu’il soit clair dans l’esprit de quiconque que « désormais les enseignants entendent se mobiliser pour défendre leur profession et l’école camerounaise ». Pour rendre un hommage mérité à ce soldat de l’éducation tombé au front, les syndicats demandent en outre à tous les enseignants du Cameroun d’observer deux jours de silence avec cessation de travail.

Mot d’ordre de mobilisation pour les obsèques de Njomi Tchakounte Boris Kevin

Le collectif des enseignants indignés du Cameroun (CEIC) a emboité le pas aux syndicats des enseignants. Aussi, dans un appel à la mobilisation générale lancé le 23 janvier 2020, ce collectif condamne-t-il avec la dernière énergie les agressions de toute nature dont les enseignants font l’objet. Après avoir fait le constat des multiples cas d’agressions de leurs collègues dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions, il exige que des sanctions exemplaires soient infligées aux coupables qu’ils soient élèves, parents, fonctionnaires de la police, responsables de l’armée ou de l’administration territoriale.

Bien plus, tout en interpellant le gouvernement, le CEIC déclare la journée du mercredi 29 janvier 2020, « No Chalk Day ». Ce jour-là indique-t-il, tous les enseignants devront arborer « un T-Shirt rouge, couleur du sang verser, couleur de la torture, couleur du sacrifice».

Cette démarche des organisations des enseignants est fortement appréciée dans l’opinion publique et particulièrement soutenue par la communauté éducative nationale. Car le moment est approprié pour conjurer les périls qui guettent l’École camerounaise. Dans une plateforme de discussion, une forumiste précise : « L’émergence de cette vague de violence contre les enseignants devient très préoccupante à tel point que si rien de concret et de fort n’est fait, cela fera tache d’huile et un péril insidieux guettera l’école».

Il reste que les enseignants doivent être en mesure d’harmoniser leurs stratégies et actions, en créant des cadres de concertation permanente avec toutes les organisations d’enseignants œuvrant dans le secteur de l’éducation et/ou en favorisant des synergies d’actions et d’associations afin d’éviter des sons de cloche discordants. Ce qui ferait en sorte que leur slogan, « un pour tous, tous pour un », soit mobilisateur et fasse sens.

Concertation syndicale

En tout état de cause, pour une fois, l’occasion est donnée aux enseignants de montrer qu’ils constituent une force et qu’ils ne sont plus prêts à se laisser piétiner ou malmener par n’importe quel quidam ou à laisser n’importe qui empiéter sur leurs plates-bandes.
C’est d’ailleurs à juste titre qu’ils rappellent à l’intention de toute la communauté nationale certaines dispositions de la loi n°98/004 du 4 avril 199 d’orientation de l’éducation au Cameroun. Cette loi dispose en son « article 27:

(1) L’enceinte d’un établissement d’enseignement est inviolable.

(2) Les chefs d’établissement scolaire sont responsables du maintien de l’ordre dans leur établissement.

(3) L’intervention des forces de l’ordre ne peut y avoir lieu que sur réquisition expresse du chef d’établissement.

(4) En cas de défaillance dans l’accomplissement de leur mission de maintien de l’ordre, les chefs d’établissement sont suppléés de plein droit par les autorités hiérarchiques ou de tutelle. »

On comprend pourquoi, les enseignants demandent aux responsables administratifs, notamment à ceux de l’administration territoriale de ne pas confondre des cas qui relèvent du maintien de la discipline au sein des établissements scolaires et qui sont réglés par les règlements intérieurs, au maintien de l’ordre tel que réglé par la loi n°90/054 du 19 décembre 1990.

Pourvu que cette précision n’entre pas dans les oreilles de sourds.

Fabien Okonkwo

L’appel du CEIC

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