L’assassinat, le mardi 14 janvier 2020, au lycée de Nkolbisson, de Njomi Tchakounte Boris Kevin, professeur de mathématiques en cours d’intégration (ECI), n’a pas laissé les syndicats d’enseignants indifférents. Selon certaines indiscrétions, ils s’apprêtent à lancer un mot d’ordre d’arrêt de cours sur l’ensemble du territoire national, le jour de la mise en bière du corps de leur collègue sauvagement abattu par un sicaire. En attendant, ils ont adressé une lettre aux enseignants dans laquelle ils leur demandent de se mobiliser dans tous les établissements de la République, du primaire, du secondaire comme du supérieur, pour rédiger des memoranda de dénonciation à l’intention des ministres de l’éducation et du Premier ministre, Chef du gouvernement. Lisez plutôt.
Collègues, camarades,
Cette semaine, l’école camerounaise a été fortement secouée par une vague sans précédent et intolérable de violence.
Au Lycée Classique de Nkolbisson, le jeune collègue Njomi Tchakounte Boris Kevin a été mortellement poignardé par un élève de 4e. Il y a peu de temps, à l’occasion des concertations en vue du Grand Dialogue National, les syndicats avaient déjà porté à l’attention du Premier ministre, Chef du gouvernement la situation des enseignants cernés de toutes parts par d’innombrables menaces : un enseignant froidement exécuté à Bamenda, décapité et sa tête exposée sur la place publique ; une institutrice et sa directrice molestées par un sous-officier de l’armée à Bafoussam ; un enseignant arrêté et incarcéré à Sangmélima pour un supposé délit d’opinion ; un gendarme qui débarque dans un Lycée à Douala pour « corriger » un enseignant parce qu’on a sanctionné une de ses protégées ; un sous-préfet qui menace par lettre circulaire tous les enseignants de son territoire de commandement du côté de Manjo, etc. Les exemples sont légion.
Aucun enseignant ne se sent plus en sécurité, non pas seulement sur le campus scolaire, mais plus généralement dans son métier aujourd’hui. Et parce que la violence, laissée sans traitement adéquat, alimentée directement et indirectement par des pratiques et une réglementation discutables, a élu domicile sur les campus scolaires et y fait régner sa loi, même les élèves en sont aussi de plus en plus victimes. Outre Deido il y a peu, au moins trois élèves en ont été victimes cette semaine. Au Lycée Leclerc de Yaoundé, établissement qui devrait être la vitrine de notre institution scolaire, l’on a découvert un véritable arsenal en la possession des élèves. Cette situation ne peut ainsi continuer.
C’est pourquoi les syndicats d’enseignants, unanimement, dénoncent le laxisme et la passivité des hautes autorités de l’éducation et du Gouvernement. Ils exigent qu’un débat soit organisé sans délai sur la violence en milieu scolaire, des solutions adoptées et appliquées en urgence.
Les syndicats demandent aussi aux enseignants de se mobiliser dans tous les établissements de la République, du primaire, du secondaire comme du supérieur, pour rédiger des memoranda de dénonciation à l’intention des ministres de l’éducation et du Premier ministre, Chef du gouvernement. Ces memoranda doivent dénoncer clairement la violence qui sévit en milieu scolaire contre les enseignants mais aussi contre les élèves, dénoncer la passivité et l’absence du traitement adéquat dont celle-ci est l’objet. Ces textes seront lus publiquement le lundi 27 janvier 2020 à l’occasion des rassemblements hebdomadaires dans chaque établissement scolaire, avant d’être transmis aux autorités par la voie hiérarchique.
Collègues, camarades,
Les syndicats d’enseignants attachent beaucoup de prix à la mise en œuvre de cette stratégie qui est notre première réponse à la tragédie que nous vivons aujourd’hui et à l’absence de traitement dont celle-ci est l’objet de la part des pouvoirs publics.
Un pour tous, tous pour un !
Fait à Yaoundé, le 18 janvier 2020
Pour les Syndicats, le Porte-parole,
Roger Kaffo Fokou, SG/SNAES
Les Syndicats:
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