Environnement urbain : une brune de poussière envahit la ville de Yaoundé

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Les populations subissent les conséquences néfastes de la poussière, du fait de la saison sèche.

En ce début d’année 2020, en pleine saison sèche, Nkolmesseng, l’un des quartiers le plus peuplé de la ville de Yaoundé se retrouve dans un piteux état. La poussière est arrivée à un autre stade de son évolution dans ce quartier. Une seule route en piteux état dessert tout le quartier. Pas un jour ne passe sans qu’il y ait un accident de circulation dans ce quartier. Les populations fréquentant habituellement cet axe de la capitale politique continuent de subir les désagréments de la saison sèche. Ici c’est le royaume de la poussière.  Elle se dépose sur tout ce qui est exposé et pénètre même l’intérieur des maisons. Vérandas, murs, toitures des bâtiments, étals de commerçants installés en bordure de route en sont les plus recouverts. Difficile également pour Modeste Minche, couturier, de bien effectuer son travail. « Les activités ne marchent plus. Tu confectionnes les vêtements, mais tu ne peux pas les exposer dehors », regrette-t-il. « Il y a trop de poussière. Tous les matins, il faut arroser. Aujourd’hui, l’eau n’a pas coulé. Raison pour laquelle la poussière s’élève encore trop », poursuit-elle. L’intérieur des véhicules n’est pas épargné. Au volant, un taximan se sert d’une serviette pour débarrasser une partie de sa voiture de ces particules de terre. À l’avenue Germaine également, la poussière fait partie du quotidien des habitants.

Sur la route qui longe vers le lycée bilingue de Yaoundé, la saison sèche fait ses effets. Les maisons de commerce et les clôtures des maisons sont couvertes par endroits de poussière. Sur cette voie, il n’est pas moins recommandé aux piétons de marcher à pas lents. Seulement, si ces derniers peuvent limiter l’élévation de la poussière, il n’en est rien des automobiles, surtout des gros porteurs. Le passage de l’un d’eux occasionne la formation d’un nuage de poussière qui contribue à réduire la visibilité. « Ça salit nos débits de boissons et nos snack-bars, chaque matin maintenant, il faut arroser la devanture des débits de boissons. Les clients sont mal à l’aise. Il est difficile de lever le coude sans toutefois inhaler la poussière », souffle Anicet Ekani, opérateur économique.

Nkolmesseng dans l’arrondissement de Yaoundé 5

Cadre administratif au ministère de l’Enseignement supérieur, habitant au quartier Toussong III, dans l’arrondissement de Yaoundé 5, Stéphane Nkolo formile la même plainte.«Ça salit tout dans la maison. Pour nous les fonctionnaires, nous sommes doublement pénalisés. Impossible pour moi d’arborer un vêtement de couleur blanche. Imaginez un peu un grand cadre de l’administration comme moi, qui arrive au bureau le matin tout couvert de poussière ! C’est une honte pour moi-même et pour l’image de mon administration qui m’emploie », déplore-t-il. D’après lui, les draps font partie des victimes. Face à cette poussière abondante, que l’on soit à pied, à moto ou dans une voiture, des dispositions sont prises pour ne pas inhaler cette matière. Ainsi, il n’est pas inhabituel de voir des piétons la main couvrant le nez lors de leur passage dans un environnement poussiéreux. Les cache-nez sont aussi beaucoup utilisés comme moyen de protection.

Cette situation impacte les activités commerciales qui tournent au ralenti dans ces coins. Josiane Mawa, tenancière d’un restaurent au quartier Nkolmesseng, au lieu-dit Mont-Belinga, ne sais plus à quel saint se vouer. « Il est quasiment impossible pour moi de mener normalement mes activités commerciales comme par le passé. Non seulement la poussière se dépose sur mes couverts, mais elle n’épargne pas les plats de mes clients », s’offusque la quadragénaire, qui nous a avoué qu’elle a perdu la quasi-totalité de sa clientèle. Du coup, son chiffre d’affaires a pris un coup. C’est également le même constat chez Mélanie coiffure. Cette jeune Camerounaise, la vingtaine entamée, propriétaire d’un salon de coiffure à Nkon, dans l’arrondissement de Yaoundé 5, à presque fait faillite. « Tous mes appareils de travail sont inutilisables en ce moment à cause de la poussière. Mon salon de coiffure est devenu une sorte de neige brune », fulmine Mélanie Ngoumou. Avant d’ajouter : « J’arrose chaque matin, ou encore j’essaye de mettre des dos d’âne, au niveau de l’entrée de mon salon, pour obliger les automobilistes à ralentir. La seule solution pour nous sortir de cet enfer reste le bitumage de cette route, comme l’avait promis la ministre de l’Urbanisme et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtes, dès sa nomination au gouvernement Joseph Dion Ngute, du 4 janvier 2019. »

La ministre de l’Urbanisme et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtes, en visite d’inspection

Face aux pleurs et des souffrances des populations de Nkomesseng, Ketcha Courtès est d’ailleurs descendue une fois de plus sur le terrain le samedi 11 janvier 2020, afin de rassurer les populations sur la détermination des pouvoirs publics à les sortir du calvaire qu’elles endurent quotidiennement.

En attendant que le gouvernement tienne sa promesse relative au bitumage de ces routes, les populations, anxieuses, continuent de boire et de respirer de la poussière.

Elvis Serge Nsaa

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