L’incendie survenu à la Société nationale de raffinage (Sonara) le 31 mai 2019, autour de 21h30, entrainera de lourdes pertes pour l’économie camerounaise
Des images montrant la Sonara en fumée tournent en boucle dans les réseaux sociaux et les médias. Le spectacle est tout simplement terrifiant. Dans des groupes et fora de discussions virtuelles, des membres s’interrogent. « C’est vrai ou c’est un fake ? », se demandent plusieurs forumistes. Le lieu où se déroule le drame, Limbe, pousse les plus sceptiques à penser à un montage des images diffusées dans l’intention de montrer que le pouvoir de Yaoundé ne contrôle plus rien. Surtout que sur leurs pages Facebook, certains partisans du mouvement indépendantiste de l’État imaginaire de l’Ambazonie ont déjà tenté une récupération politique en annonçant que ce sont les actions de leurs éléments sur le terrain qui ont porté leurs fruits, car pour construire leur pays il faudra détruire l’existant, le Cameroun. Mark Bereta écrit d’ailleurs sur sa page Facebook : «To build we must destroy. To go to heaven, you must die. To build Ambazonia, we must send Cameroun out of Ambazonia. Thank you Victoria silent warriors-The Black Cats ». Traduction : « Pour construire, il faut détruire. Pour aller au paradis, il faut mourir. Pour construire l’Ambazonie, nous devons expédier le Cameroun hors de l’Ambazonie. Merci, victorieux guerriers du silence – Les Chats noirs », écrit-il.
« Il y a véritablement un intérêt à s’inquiéter… C’est pas une mince affaire. Ce serait un deuil national pour notre économie si les pertes sont énormes », s’indigne un forumiste. D’autant plus que la Sonara est « le pilier de l’autonomie énergétique du Cameroun depuis 1978 », précise un autre.
Ce n’est pourtant pas une fakenews, puisque plus de 8 heures après, le 1er juin 2019, après avoir tenu une réunion de crise, le directeur général, Jean-Pauk Simo Njonou confirme la triste nouvelle. Le DG écrit à tous ses partenaires : « Nous vous informons de la survenance d’une explosion suivie d’un incendie grave dans nos unités de production le 31 mai 2019 aux environs de 21 Heures 30 minutes, entrainant des dégâts et un arrêt de production de toutes nos unités pour une période à déterminer.
Par conséquent, nous déclarons un « cas de force majeure » et la suspension provisoire de nos engagements contractuels, en attendant l’évaluation définitive des dégâts.
Nous vous informerons de la cessation de ce cas de « force majeure » en temps utile.
Nous nous tenons à votre disposition pour toute information complémentaire et vous assurons de tous nos efforts pour la reprise de nos activités dans les meilleurs délais. »
En attendant les résultats de l’enquête qui sera sûrement ouverte pour déterminer les causes de cet incendie, les commentaires vont bon train.
D’après certaines sources proches de la direction générale, « c’est un incident technique qui n’a rien à voir avec les sécessionnistes. Le Directeur d’exploitation avait attiré l’attention de sa hiérarchie dessus : le comportement de complaisance du groupe ENEO. On ne peut pas allumer de manière récurrente une raffinerie de suite aux coupures électriques constantes […] Rien que dans la journée du 31 mai 2019 de ce jour-là raffinerie a été victime des coupures électriques dans un espace de 2 heures 5 fois de suite. Les coupures électriques dans un endroit aussi sensible deviennent dangereuses même pour toute la ville de Limbe. Preuve, les dégâts sont allés dans un pourtour de plus de 3 km. Les travaux vont prendre un minimum d’un an […] Cet incident technique va entrainer des lourdes conséquences sur notre fonctionnent économique. Il est une chose la Sonara ne devra pas ouvrir ses portes de sitôt. Les pertes sont énormes et les implications pourront affecter de manière significative notre économie. Situation assez grave. »
Face à cette situation, le gouvernement camerounais n’est pas resté indifférent. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, le gouvernement à travers le ministre de l’Eau et de l’Energie, indique que « l’incident serait d’origine technique ». Aussi précise-t-il que « les enquêtes en cours, instruites par le Gouvernement permettront d’en déterminer avec exactitude les causes ».
Avant d’ajouter que pour l’instant « l’incendie a été maîtrisé et la situation est sous contrôle » et que « des dispositions ont été prises pour l’approvisionnement continu de l’ensemble du territoire en produits pétroliers, et la remise en état des unités de production dans les plus brefs délais ».
Enfin précise ce communiqué, « son Excellence monsieur Paul Biya, président de la République, chef de l’État a du reste donné des instructions fermes afin que ce malheureux incident n’ait pas d’impact négatif sur la vie des populations riveraines et pour que le projet d’extension et de modernisation de la Sonara, actuellement en cours, se poursuive normalement ».
Fabien Okonkwo