Repenser et reconstruire l’opposition camerounaise. Question sur la quête de sens et la subjectivation politique

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La démocratie présuppose aussi discussions et débats publics, délibérations, liberté d’expression et d’opinion, liberté d’association et de manifestation, libre circulation des idées. S’il est vrai que le multipartisme est l’un des baromètres fondamentaux d’une démocratie, il n’en demeure pas moins vrai que celui-ci ne peut véritablement porter les vertus de liberté, de démocratie et d’alternance que si les formations politiques – 292 légalisées au Cameroun – participent de manière efficiente et sans entraves à l’animation du jeu politique.

Nul ne peut nier les contraintes auxquelles font face les formations politiques de l’opposition. Il est aussi évident que les autorités publiques camerounaises, dans l’optique de conserver leur souveraineté et leur liberté d’action sur l’institutionnalisation et à la consolidation de la démocratie au Cameroun et en dépit des pressions multiformes, n’hésitent pas à leur tendre des embûches.

Résultats des courses : leurs insuccès multiples aux différentes consultations électorales marquées par les mêmes tares et avatars, les mêmes récriminations et contestations, les mêmes contingences, les mêmes sonorités dissonantes au sein de différentes composantes sociopolitiques nationales en raison notamment des distorsions et des dysfonctionnements multiples. Ces insuccès peuvent aussi s’expliquer par le fait que certains partis politiques ont creusé leurs propres tombes avec leurs dents en cautionnant l’avènement d’un multipartisme collusif et collaboratif au détriment du multipartisme effectif et compétitif.

Comment donc rebondir ? Loin des auteurs la gestion des arguments en faveur du raisonnement par imputation qui consiste à mettre sur le seul compte de l’opposition la responsabilité des causes de la situation sans issue favorable dans laquelle se trouvent le Cameroun et les Camerounais. Ce serait mal aborder des questions fondamentales qui s’imposent à nous, le fond du débat n’étant pas de trouver des « coupables », des « responsables ». Car, raisonner par imputation, dans le style : c’est la faute à Untel, ce qui suppose que la relance de la Lutte pour la démocratie et l’avènement d’un État de droit ne peut se faire qu’à condition de substituer à Untel d’autres chefs, supposés mieux outillés, mieux disposés ou préparés à générer une nouvelle dynamique propre, incidemment, à conduire au(x) succès, au changement.

Le souci des auteurs est d’exprimer des urgences internes, celles de la ré-équilibration des rapports de forces politiques dans le champ politique camerounais et de la résistance à la « mutilation anthropologique » qui voudrait faire des Camerounaises et Camerounais de simples « tubes digestifs » mangeant et déféquant, de simples orateurs verbeux, gémissant, gesticulant, dansant sous l’emprise de l’alcool et jouissant.

C’est la raison pour laquelle ils ont choisi de donner un coup de pouce intellectuel significatif à la lente mutation du système politique camerounais hérité de la colonisation, vers sa démocratisation effective.

Repenser et reconstruire l’opposition camerounaise. Question sur la quête de sens et la subjectivation politique, Yaoundé, Terroirs, 2014, 530 pages.

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