Fraudes/fuites à l’OBC : Cinq personnes écrouées à la prison centrale de Yaoundé, Kondengui

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Arrêtées dans la cadre de l’enquête ouverte pour déterminer le réseau de fraudes aux examens, cinq personnes sont écrouées à la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé, deux élèves, deux étudiants et un enseignant. Le cas de Gervais Kevin Gassam Noche, âgé d’à peine 18 ans, et élève en classe de Terminale au lycée de Bangangté, fait grand bruit. Il a été arrêté par la police et accusé d’avoir œuvré pour la fuite des épreuves du baccalauréat alors que l’enquête administrative prescrite par le gouvernement a identifié 7 personnes qui travaillent à l’Office du baccalauréat du Cameroun (Obc). Ces 7 personnes sont en liberté et n’ont pas encore été inquiétées par la justice.

Il s’appelle Gervais Kevin Gassam Noche. Il était élève en classe de Terminale au lycée de Bangangté. Seul fils à sa maman, il est âgé de 17 ans. À la veille de l’examen sur les réseaux sociaux, c’est-à-dire le 20 juillet 2020, il reçoit une épreuve du baccalauréat qui a fuité et le partage avec des camarades de classe avec lesquels il prépare l’examen. Il est décrit par l’un de ses enseignants comme un enfant brillant et studieux. « Kevin a été arrêté à Bangangté le 07 août 2020 en l’absence sa maman qui était sur Douala », explique Me Emmanuel Simh, avocat au barreau du Cameroun. C’est après avoir cherché l’enfant toute la journée dans la ville que le lendemain matin vers 10h qu’elle reçoit un appel lui signifiant qu’il a été arrêté et conduit à Bafoussam. Sans lui communiquer le motif, il est demandé à sa mère de se rendre dans la capitale régionale de l’ouest, en compagnie du père de l’enfant, l’urgence étant signalée. Il y a passé trois semaines à la police judiciaire de Bafoussam sans trop connaître ce pour quoi il y était. C’est-à-dire sans qu’il soit informé qu’il s’agissait des fuites au baccalauréat. Or, selon Me Emmanuel Simh, avec le nouveau code de procédure pénale, la durée d’une garde à vue est de 48 heures renouvelables une fois. Par la suite, il sera conduit à Yaoundé pour la suite de l’enquête. Il est auditionné le 13 août 2020 à Yaoundé. Pendant quatre jours, il fait la navette entre le parquet de Yaoundé et le commissariat central de la même ville. Ce qui s’apparente, aux yeux des défenseurs des droits de l’homme à une forme de torture et constitue une violation flagrante de ses droits. Au départ, le dossier semblait vide au surtout que l’enquête administrative ordonnée par la ministre des Enseignements secondaires, Pauline Nalova Lyonga avait déjà déterminé l’origine des fuites et désigné les coupables. Lors d’un point de presse donné dans son département ministériel le lundi 17 août 2020, elle avait indiqué que ceux-ci seraient sévèrement punis seront punis.

Témoignages de l’avocat des jeunes emprisonnés

Curieusement, dans l’après-midi du mercredi 2 septembre 2020, le juge d’instruction à décide de l’envoyer à la prison centrale Kondengui où il a passé sa première nuit, à la grande stupéfaction des avocats. Sa mère s’est évanouie. Selon Me Emmanuel Simh, avocat au barreau, « est puni d’un emprisonnement d’un (1) mois à trois (3) ans et d’une amende de vingt-cinq mille (25 000) à deux millions (2 000 000) de francs ou de l’une de ces deux peines seulement, celui qui commet une fraude dans les examens ou concours dans le but d’obtenir soit l’entrée dans un service public, soit un diplôme, certificat ou titre délivré par l’Etat ou un service public national ou étranger ». D’après lui, « Kévin n’a pas fraudé a un examen, puisqu’il a reçu le l’épreuve sur ton téléphone, avant de partager à ses camarades. Dans ce cas, ses camarades devraient être aussi interpellés au même titre que lui. Un emprisonnement d’un à trois ans est une infraction correctionnelle, dans ce cas, la liberté est la règle et l’emprisonnement est l’exception », explique l’avocat.   

Le jeune Gervais Kevin Gassam Noche n’est pas seul dans la situation. Quatre (4) autres personnes l’ont rejoint dans ce goulag tropical parmi lesquels deux étudiants et un enseignant et un autre élève, tous, vivant loin de la ville de Yaoundé, donc de l’Office du Baccalauréat du Cameroun où les fuites ont été localisées. Ce il s’agit des nommés: Nouthe Romaric (28 ans) professeur au CETIC de Mankwa (Melong), incarcéré le 17 août 2020 ; Tchabouatchou Sandjong Willy Christian (20 ans, élève au lycée bilingue de Njoumbé, Incarcéré le 6 août 2020 ; Kamga Diam Brandoon Wilson (21 ans), étudiant en 5è année Ecole nationale supérieure polytechnique de Douala, Incarcéré le 5 août 2020 et Makon Edgard Simon (32 ans), étudiant en cycle master à l’institut supérieur des techniques économiques et comptables de Douala, incarcéré le 5 août 2020.

Les étudiants de l’école nationale supérieure polytechnique de Douala (ENSPD) ex FGI (faculté de génie industriel).on d’ailleurs plaidé la cause de leur  camarade, Kamga Brandoon Wilson Ledoux, élève ingénieur en 5e année Technologie automobile 5e année et co-fondateur de la start-up Waloop organization qui fait dans le marketing digital, arrêté dans le cadre de l’enquête sur les fuites d’épreuves au baccalauréat survenues à l’OBC. Son crime, il a créé et administré un groupe WhatsApp où il a pu réunir un certain nombre d’élèves et d’étudiants, groupe dans lequel un membre a transféré le sujet qui a fuité.

Jusqu’ici des questions restent sans réponses. Comment auraient-ils pu faire fuiter des épreuves qu’ils ont reçues à partir des réseaux sociaux comme beaucoup de Camerounais et alors qu’ils ne vivent, ni ne travaillent à Yaoundé ? « J’ai assisté, impuissant cet après-midi, à la mise en détention provisoire par le juge d’instruction. J’ai vu ces jeunes gens éclater en sanglots, sans trouver les mots de consolation. Les auteurs de la fuite des épreuves sont en villégiature, ceux qui ont découvert les épreuves sur le net croupissent depuis ce soir en prison. Dès demain, mes confrères et moi organiserons le plan de bataille. Au nom de la justice, au nom de l’équité », s’indigne Me Emmanuel Simh.

Elvis Serge Nsaa

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