Le désir de puissance de Monsieur Emmanuel Macron ne se lit pas seulement à travers le fait qu’il aime à parler à la première personne du singulier. Ce fait qui est certes négligeable dans le contexte qui est le nôtre, celui de libéralisation tous azimuts du logos, est quand même préoccupant en soi : la situation autolâtrique du moi à travers la mise en inflation verbale de sa singularité dans une République est un précieux indicateur de son désir de puissance. Un tel désir est si hégémonique chez Monsieur Macron qu’il le motive à se montrer fort transgressif par rapport à toutes les convenances politiques et diplomatiques en vigueur dans les relations internationales. En avouant, avec toute l’arrogance de Jupiter, que c’est lui qui est le vecteur politique directeur du Cameroun et, par voie de conséquence, de toute l’Afrique francophone, Monsieur Macron qui a pourtant affirmé le 17 février 2017 à Alger que « la colonisation est un crime contre l’humanité », fait curieusement provision de la Françafrique. C’est à travers cette odieuse politique qu’il s’évertue à prouver à je ne sais qui qu’il est puissant. La preuve, il peut exercer efficacement telle ou telle pression politique sur le président de la République du Cameroun. Mais, on le sait très bien, la volonté de prouver qu’on est puissant est un autre indicateur, celui d’une impuissance qui amène Luc Ferry à dire avec beaucoup de regret, dans une interview qu’il a accordée à Sud Radio le 27 décembre 2018, qu’« on a mis un gamin à l’Élysée et on va le payer très cher ».
Prof. Lucien Ayissi
Université de Yaoundé 1 (Cameroun)