Enseignement supérieur : le Premier ministre interdit le doctorat professionnel dans les universités publiques camerounaises

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Des mesures doivent être prises par Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup) pour mettre définitivement un terme à toute initiative tendant à l’instauration d’un doctorat professionnel, sous quelque forme que ce soit. C’est la substance d’une correspondance, passée presque inaperçue, à lui adressée le 5 novembre 2019, par le secrétaire général de la Primature, Séraphin Magloire Fouda qui lui répercutait le message du Premier ministre, Joseph Dion Ngute.

En date du 5 novembre 2019, le secrétaire général des services du Premier ministre (SG/PM), Séraphin Magloire Fouda avait adressé une correspondance passée inaperçue au ministre d’État, ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Famé Ndongo, dont l’objet est « suspension du doctorat professionnel dans les universités d’État au Cameroun ». Dans cette correspondance, Séraphin Magloire Fouda  indique qu’il « est revenu au Premier ministre qu’une institution universitaire publique a procédé, dans le cadre de l’amélioration de son offre et d’ouverture de nouvelles filières, à la mise en place de « Doctorats de spécialité. »

Faisant donc suite à cette initiative, le secrétaire général des services du Premier ministre fait savoir au Minesup que le Premier ministre l’a chargé de lui « demander de  bien vouloir faire le point de cette situation, et de prendre instamment toutes les dispositions nécessaires afin de mettre définitivement un terme à toute initiative tendant à l’instauration d’un doctoral professionnel, sous quelque forme que ce soit, car contraire à la Directive n°02/06-UEAC-019-CM-14 du 11 mars 2006 portant organisation des études universitaires dans l’espace Cemac dans le cadre du système LMD. » .

Par ailleurs, le Premier ministre demande au Minesup de soumettre à son appréciation, dans les meilleurs délais, « un projet de décret actualisé règlementant l’organisation du cycle de Doctorat dans les institutions universitaire au Cameroun ».

Lettre du SG/PM au Minesup

Cette correspondance vient mettre définitivement un terme au différend qui avait opposé le recteur de l’université de Yaoundé II, le Professeur Adolphe Minkoa She au Doyen de la Faculté des Sciences juridiques et politiques dudit établissement d’alors, le Professeur Magloire Ondoa, aujourd’hui recteur de l’université de Douala. Ce dernier qui, récidivant et sous prétexte de « l’amélioration de son offre et d’ouverture de nouvelles filières », voulait instaurer le « Doctoral professionnel » à l’université de Douala à travers la mise en place de « Doctorats de spécialité », comme l’indique la correspondance du SG/PM.

Cette lettre de Séraphin Magloire Fouda s’inscrit en droite ligne de la position du Conseil africain et malgache de l’Enseignement supérieur (Cames) sur ce sujet qui, réuni en sa 36e session à Cotonou au Bénin du 26 au 30 mai 2019, avait indiqué, selon le secrétaire général du Cames, Bertrand Mbatchi que «sur la problématique du ‘‘Doctorate of Business Administration (DBA)’’ dans l’espace Cames, le Comité consultatif général (CCG) a fait remarquer qu’il n’existe pas de doctorat professionnel dans l’espace Cames où le système Licence-Master-Doctorat (LMD) est en vigueur. En conséquence, le CCG demande se conformer aux us et coutumes académiques de cet espace ».

Faut-il le rappeler, en son temps, l’initiative du Professeur Magloire Ondoa d’ouvrir un cycle de doctorat professionnel au sein de la Faculté des sciences politiques et juridiques qu’il dirigeait avait été très mal accueilli par la communauté universitaire qui avait estimé qu’il s’agissait moins d’une vision universitaire que d’une imposture et d’un affairisme malsain en milieu universitaire.

C’est dire que le collectif des « doctorants professionnels » de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Yaoundé II, qui avaient vu leurs soutenances annulées au début de l’année 2018 par le recteur Adolphe Minkoa She , et qui avaient saisi le président de la République, Paul Biya, pour dénoncer la non-application des résolutions prises à la conférence des recteurs, n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Ceux qui, parmi eux, tiennent à obtenir un doctorat dans les universités publiques camerounaises, doivent désormais passer par le circuit ou cycle normal, à savoir Licence-Master-Doctorat (LMD).

Fabien Okonkwo

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