26 mai 1990 – 26 mai 2019, cela fait exactement 29 ans que le Social Démocratic Front (SDF) existe. 29 ans de contribution significative à l’amélioration du processus démocratique au Cameroun. 29 années au cours desquelles le parti du Chairman Ni John Fru Ndi a connu des fortunes diverses. À l’occasion de la célébration du 29e anniversaire de ce parti, nous avons donné la parole à Jean Robert Wafo, ministre du shadow cabinet en charge de l’information et des médias et adjoint au maire de la commune d’arrondissement de Douala 2e. Lisez plutôt.
ActusTime : Que représente le SDF pour vous le 26 mai 2019 ?
Jean Robert Wafo : Le 26 mai 2019 marque le 29e anniversaire de notre parti. Il y a précisément 29 ans, six martyrs sont tombés sous les balles de la soldatesque du régime de Yaoundé. Leur seul tort a été d’avoir réclamé le retour du multipartisme et la démocratie. Nous constatons malheureusement aujourd’hui que les raisons qui avaient conduit à la création du SDF le 26 mai 1990 sont toujours d’actualité du fait de l’autisme et de la condescendance trentenaires de ceux qui nous gouvernent.
Qu’est-ce qui fait la spécificité de la célébration cette année de la naissance du SDF ?
Ce 26 mai intervient sept mois après la dernière présidentielle et surtout près de trois ans après le déclenchement de la crise terrifiante entretenue dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du pays. Le profond recueillement, la réflexion et l’introspection seront privilégiés dans les articulations des conférences et des séminaires organisés dans les différentes structures du parti. Profond recueillement du fait du bilan humanitaire catastrophique et non exhaustif enregistré jusqu’ici dans ces deux régions où on fait état de près de 2000 morts, plus de 560.000 compatriotes qui ont fui leurs maisons, dont plus de 32.000 réfugiés au Nigeria et plus de 530.000 déplacés. La saignée continue depuis la publication de ces chiffres qui font froid dans le dos. Sans oublier la situation sécuritaire dans d’autres régions du pays en proie à des bandes armées. Il est question au cours de cet anniversaire de sensibiliser nos militants sur ce qu’il n’y a pratiquement plus de vie dans ces deux régions totalement meurtries, de leur expliquer les contours, les enjeux ainsi que les tenants et les aboutissants de cette catastrophe humanitaire dont on aurait pu éviter l’enlisement si les propositions du SDF avaient été prises en compte dès son déclenchement. Seront expliquées également aux militants les quatre conditions pour une participation du SDF au dialogue annoncé par le Premier ministre Dion Ngute à savoir le cessez-le-feu immédiat et bilatéral, la libération de tous les prisonniers politiques détenus dans le cadre de cette crise, la désignation d’un médiateur et l’acceptation des observateurs et enfin le report des élections locales. Il leur sera expliqué que ces quatre conditions participent non pas du contenu du dialogue, mais de préalables au dialogue. Globalement, il est question d’expliquer toutes ces préoccupations à notre base militante.
Sous quel signe le SDF place-t-il ce 29e anniversaire ?
Ce 29e anniversaire est placé sous le triple signe du recueillement, de l’introspection et de la revitalisation du parti. Le SDF est conscient des défis futurs qui vont de plus en plus jalonner son parcours dans un pays anormal comme le Cameroun.
Quels sont donc ces défis que le SDF doit absolument relever ?
Il ne faudrait pas perdre de vue que l’objectif du SDF dès son lancement n’est pas encore atteint. Le parti a appris tout au long de ces 29 années d’engagement politique qu’il y a beaucoup d’épreuves sur la route d’une formation politique qui veut changer un pays comme le nôtre qui dispose des dirigeants hautains qui ont érigé le conservatisme de la pensée unique en méthode de gouvernement. Il est vrai que nous avons engrangé de haute lutte certaines victoires, mais beaucoup restent à faire pour que notre pays devienne une Nation démocratique, une République au sens vrai du terme. Parce que l’objectif d’une République, c’est d’arracher du cœur de chaque compatriote le sentiment de l’injustice. L’objectif d’une République, c’est que les chances de réussite soient égales pour tous. C’est de permettre à celui qui n’a rien d’être quand même un homme libre, à celui qui n’a rien de posséder quand même quelque chose. L’objectif d’une République, c’est surtout que les gouvernants soient l’émanation véritable du peuple à travers des élections crédibles et transparentes. Ce n’est malheureusement pas encore le cas aujourd’hui. Le SDF continuera à ne ménager aucun effort pour que le Cameroun cesse d’être au service de la volonté de puissance d’un seul homme pour se mettre résolument au service du peuple.
Pour le reste, le parti est resté uni malgré quelques velléités très vite maîtrisées et les attaques les plus rudes qui nous ont été réservées notamment durant la dernière élection présidentielle. Notre force a été et sera toujours d’être toujours ensemble et de le rester malgré notre score de la dernière présidentielle. Le SDF a trébuché, mais n’est nullement tombé. Nos militants et sympathisants ont compris que ce faux pas est essentiellement dû au non-vote dans nos fiefs traditionnels du nord-ouest et du sud-ouest qui a créé un effet domino auprès de nos sympathisants d’autres régions du pays. ils ont tous compris que nous devons continuer à nous battre pour que le SDF reste et demeure un parti porteur d’espoir pour notre pays. À ce titre, notre détermination et notre énergie infinie pour faire triompher la cause qui nous unit tous à savoir l’avènement d’une démocratie véritable dans notre pays, sortira requinquée de ce 29e anniversaire. Rien ne sera plus comme avant. La dernière présidentielle est derrière nous.
Propos recueillis par :
Fabien Okonkwo