1er mai : À qui profite la fête du travail ?

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Voici 133 ans déjà que le monde entier rend hommage aux travailleurs chaque 1er du mois de mai. Au Cameroun, cette fête a été marquée par une grande parade des employés sous le regard des employeurs.

Au boulevard du 20 mai à Yaoundé, comme dans d’autres places des fêtes à travers le pays, la célébration de la fête du Travail a été marquée par un grand défilé devant les autorités du pays. Lors de cette manifestation, employeurs et employés exhibaient leurs savoir-faire et les différents services qu’offrent leurs structures, une forme de « publicité gratuite ». Toutes ces entreprises sortaient leurs prouesses pour les exposer à la lumière des projecteurs et des regards des spectateurs. La fête du Travail chez nous sonne aussi comme un moment de rencontre d’affaires et de B2B dans les gradins ou les multiples « Boss » sont assis côte à côte.

sEt que gagne l’ouvrier alors ? Dans la plupart des cas, certains employeurs exigent à leurs personnels la présence effective à la place des fêtes, vêtus de la tenue de circonstance pour rehausser l’image de la structure au cours de la grande parade. Toute personne qui brillerait par son absence sera simplement renvoyée. Pourtant, dans certains cas, bon nombre d’employés présents en ces lieux connaissent le phénomène d’arriérés de salaire avoisinant parfois 10 mois, voire plus. Sans tenir compte des droits du travailleur qui sont généralement bafoués, puisqu’au Cameroun règne de la loi du plus fort. Le commun des mortels n’est donc pas étonné d’entendre un ministre chargé du bien-être des travailleurs dire à mondovision que dans son pays, le travailleur le plus inutile mérite un salaire de 36.ooo Frs CFA, quand on connait son train de vie.

Le contexte dans lequel la fête du Travail est célébrée au Cameroun laisse croire qu’il a perdu son sens propre. Il devrait alors s’appeler la « fête des grands et luxueux employés ». Car, dans les différentes places de fête à travers le territoire, seul les travailleurs d’une certaine classe ou travaillant dans certaines entreprises, à la fonction publique ont droit au défilé. Pas de place pour les ouvriers du secteur informel, (ménagères, call-boxeur, ouvriers des chantiers, mototaximen, taximen, boutiquiers, barmans, jardiniers, blanchisseurs, pousseurs, petits vendeurs à la sauvette, etc.) qui pourtant contribuent chacun à sa manière au développement du pays, à travers le travail qu’ils abattent au quotidien

La fête du travail profite pour ainsi dire d’abord, aux institutions publiques, parapubliques et privées qui en consacrent d’énormes budgets pour l’organisation des festivités et s’en font pleines les poches.  Elle est ensuite avantageuse aux chefs d’entreprises qui en profitent pour vendre l’image de leurs structures, au détriment du travailleur qui en paye un lourd tribut (salaire mal ou non payés, prise en charges non respectée, etc…), le malheureux travailleur ne pouvant ni revendiquer ni se rebeller de peur d’être licencié ou pire, de perdre même sa propre vie.

Joël Nlomngan

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