Hyperinflation : Jean-Marc Bikoko appelle à la mobilisation générale pour faire bouger les lignes

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Arrestation de Jean-Marc Bikoko lors d'une manifestation organisée par les syndicats des enseignants,devant l'Assemblée nationale en 2008. Archives. © Jean-Bosco Talla/Germinal

Depuis plus d’un quart de siècle, Jean-Marc Bikoko est dans la lutte syndicale pour le bien être des travailleurs, notamment des enseignants. il est sur tous les fronts.  Il a été tour à tour président du Syndicat National Autonome de l’Enseignement Secondaire (SNAES), président du Syndicat National Autonome de l’Enseignement et de la formation (SNAEF), Point focal de Dynamique citoyenne (DC). Aujourd’hui, il est représentant de la société civile au comité d’orientation et de suivi (COS) du C2D, Coordonnateur de la Plateforme d’information et d’Action sur la Dette (PFIAD), Coordinateur général du Projet de Suivi Indépendant du C2D, Président de la Centrale syndicale du secteur public (CSP), Coordonnateur de Tournons La Page (TLP) Cameroun et membre fondateur du Cameroon Workers Forum (CAWOF), regroupement de 11 centrales syndicales. Après la publication des mesures gouvernementales relatives à la hausse des prix du carburant, à l’augmentation relative du SMIG et du salaire des fonctionnaires et agents de l’Etat, il apporte des éclaircissements sur la position des confédérations syndicales dont il est le point. Lisez plutôt l

Arrestation de Jean-Marc Bikoko et plusieurs participants au Palais des sports lors d’une réunion publique organisée par Tournons La Page (TLP) Camerounà Yaoundé, le 15 septebre 2015. Archives. Copyrights : Jean-Bosco Talla/Germinal

Actustime : Vous venez de rendre public un communiqué dans lequel, relativement aux augmentations du smig, du prix du carburant et du salaire des fonctionnaire et agents de l’état contenus dans le communiqué du SG du PM, vous dénoncez l’unilatéralisme des pouvoirs publics. Êtes-vous surpris par cette démarche gouvernementale ?

Jean-Marc Bikoko : En nos qualités d’acteurs et d’observateurs avertis au Cameroun, nous ne sommes pas surpris par cet acte du gouvernement qui s’inscrit en droite ligne de la stratégie de gouvernance en vigueur depuis plus de 40 ans dans notre pays.

Nous nous y attendions déjà, au regard de la cacophonie qui avait été observée tout au long de la session budgétaire de novembre 2022 du fait de la pression des Institutions Financières Internationales (IFIs), et qui est responsable de la fiscalité suicidaire qui caractérise le budget 2023 du Cameroun.

Ne pensez-vous pas que les différentes concertations avec les représentants des pouvoirs publics sont une manière de vous utiliser comme de simples faire-valoir ?

Effectivement, les différents cadres de concertation et de dialogue qui existent aujourd’hui au Cameroun sont essentiellement consultatifs. Ce qui fait qu’en lieu et place des négociations souhaitées en vue des solutions consensuelles, les travaux de ces institutions sont généralement sanctionnés par des avis qui ne garantissent nullement les solutions escomptées. L’invitation des représentants des travailleurs à siéger dans ces instances ne participe donc que d’une simple instrumentalisation

N’est-il pas utopique de penser que le gouvernement peut revoir à la baisse les prix du carburant quand on sait que ces augmentations ont été faites sur injonction du FMI ?

Absolument pas ! Si le gouvernement était soucieux du bien-être des populations Camerounaises, il dispose de multiples autres leviers qu’il devrait actionner pour satisfaire aux injonctions du FMI.

Si par extraordinaire le gouvernement vous écoutait, sur quels leviers agirait-il pour effectuer cette baisse ?

Parmi les multiples leviers qui sont à la disposition du gouvernement à cet effet, celui sur lequel il devrait agir est levier des taxes et les droits connexes qui ressortent de la structure officielle des prix du carburant à la pompe.

Aussi appelez-vous les Camerounais à s’habiller en noir tous les lundis. Quel impact ce geste d’indignation pourra-t-il avoir sur les pouvoirs publics ?

Nous savons que le gouvernement camerounais est dans la logique du « chien aboie, et la caravane passe » mais, nous tenons à rappeler aux uns et aux autres qu’il y a un proverbe bien connu qui dit que « On ne connait jamais le caillou qui va tuer l’oiseau en brousse ». Si les Camerounais répondent à cet appel patriotique, nous sommes convaincus que des lignes pourront bouger.

N’est-il pas plus judicieux d’envisager une action de forte mobilisation pour faire pression sur le gouvernement ?

En plus de cet appel global, toujours à compter du 15 février 2023, le personnel en service dans la Fonction publique de l’Etat est invité à observer un arrêt systématique de travail tous les lundis, pour dénoncer l’injure dont il vient d’être l’objet avec la proposition d’une augmentation de 5,2% de leur salaire.

Dans le champ social, on observe plusieurs regroupements associatif et syndical poursuivant les mêmes objectifs. Qu’est-ce qui vous empêche de former un front unitaire ?

C’est simplement par respect du sacro-saint principe militant selon lequel « On ne mélange pas les torchons et les serviettes ».

En vous rappelant qu’il existe aujourd’hui au Cameroun deux types de familles d’acteurs à savoir : « une société civile et des syndicats d’accompagnement », à la solde des pouvoirs publics et du patronat d’une part, et « une société civile et des syndicats militants », libres et indépendants d’autre part, aucune action unitaire efficace n’est possible entre les deux parties.

Cette segmentation ou division du front social ne joue-t-elle pas en votre défaveur ?

C’est l’impression que cette fragmentation du front social fait véhiculer. Ce qui est absolument faux, au vu de l’expérience des mobilisations précédentes dont les succès sont inoubliables.

Croyez-vous ou pensez-vous que votre démarche portera ses fruits ?

C’est pour cela que toutes les organisations partie-prenantes de cette dynamique sont engagées dans une vaste campagne d’information et de sensibilisation à travers le pays. En tout cas, nous croisons les doigts.

Propos recueillis par :

Jean-Bosco Talla

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